Lo Parlament

UN LIEU DE PAROLE

Jusqu’au début du XXe siècle, les lavoirs sont de hauts-lieux de sociabilité, l’un des rares exclusivement féminins. Lieux de rencontre, de débats, de médisance comme de solidarité : la parole y circule librement, les chants y rythment le travail. Surnommé, comme tant d’autres en France, la « Chambre des Députés », le lavoir du Hédas, quartier populaire de Pau, ne fait pas exception : les dernières nouvelles y circulent et on y débat de la cité. On y brasse les mots, les idées, les pensées profondes et les plaisanteries.

Si les réseaux sociaux ont désormais remplacé les puits et les places de marché, le lavoir représente bien cet espace « neutre » où les citoyen·ne·s débattent de leurs idéaux. C’est un patrimoine populaire commun à l’ensemble des territoires de l’hexagone, auquel les gens, encore aujourd’hui, montrent un attachement tout particulier : il évoque les rendez-vous de leur jeunesse à l’écart du village, la conscience d’un site chargé du labeur du quotidien, symbolisant le « vivre ensemble » ou le « faire société »… Malgré un usage tombé en désuétude, on constate cette adhésion dans les moyens qui sont mis en œuvre dans les communes pour entretenir et restaurer leurs lavoirs, afin de les transmettre, toujours fonctionnels, aux générations futures.

Lo Parlament – « le parlement » en occitan – est une installation sonore qui s’intègre à ces lieux, qui symbolise le lien entre une population et ceux qui la gouvernent. Et peut-être raconte-t-il qu’une culture et sa langue en tant que vecteurs d’identité sont aussi porteur d’idéaux ?

UN LIEU D’ÉCOUTE

L’installation est constituée de douze haut parleurs et d’une série de huit sonnailles intégrés dans le lavoir du quartier du Hédas à Pau. Elle met en dialogue deux types de contenus : un Continuum sonore spatialisé généré en temps réel à partir de chants traditionnels pyrénéens et de sons de nature enregistrés dans les Pyrénées et des Séances, d’une durée de 2 à 5 minutes, traduisant en musique les comptes-rendus des séances de l’Assemblée nationale.
Connectée à l’Assemblée nationale via ses flux RSS, l’installation analyse les retranscriptions des séances publiques, en extrait les informations indiquant l’intensité des débats (divergences des votes, coupures de parole, exclamations, etc) qui, transformées en descripteurs musicaux, permettent d’interpréter chaque séance.

Un dispositif de huit sonnailles, semblable à un carillon, réalisé par l’artiste sonore Florent Colautti, sonne le début des séances, à l’instar de la cloche de l’Assemblée nationale.
Si les séances se déclenchent automatiquement, à intervalles réguliers, les visiteurs peuvent également choisir celle qu’ils veulent écouter par le biais d’un écran qui leur permet de consulter les informations associées à la séance en cours (date, durée, numéro de séance, président de séance, etc).

Chaque année, une commande d’une œuvre de musique électro-acoustique spécialement conçue pour ce système sera passée à un compositeur ou à une compositrice. Ces créations seront cadrées par un cahier des charges permettant de conserver l’identité de Lo Parlament tout en créant un répertoire qui lui est dédié.

Enfin, l’équipe du centre de création pourra également reprendre le contrôle du système génératif : Lo Parlament sera alors un formidable outil de diffusion de spectacles mixtes (conte, musique, danse…), un lieu atypique pour l’écoute ou un support pour des visites guidées augmentées.

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Lo Parlament est lauréat de l’appel à projet Tourisme Culture Numérique de la Région Nouvelle-Aquitaine et bénéficie du Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT).