30 janvier > 3 février 2024
Romain Baudoin & Adrien Chennebault en résidence à CERC avec Pauline Willerval pour leur projet Le Bal des Ours·e·s.
Création s’appuyant sur les danses de l’ours en lien notamment avec les montreurs d’ours pyrénéens et leur instrument de prédilection, le segonet (tambour sur cadre). Composition pour un vielleux et un percussionniste.
| coproduction CERC & Tricollectif |
Romain Baudoin • vielle à roue, tuta d’ors, voix
Adrien Chennebault • batterie, longuicordae distriata flexibilis, voix
Pauline Willerval • gadulka
Vers 1850, dans les vallées du Garbet et de l’Alet, tout le monde comptait parmi ses proches un meneur d’ours. Il existait même une école de dressage à Ercé et à Oust. C’est la guerre de 1914-18 qui mit fin à cette pratique pyrénéenne. Avant, les ours vivaient avec les hommes.
60 ans plus tard, à 234 km de là, le 19 septembre 1966, à Azur dans les Landes, Marguerite Pinsolle est collectée par le « Musée national des Arts et Traditions populaires ». Elle chante une complainte de désenvoutement « Approchez-vous pour entendre ». Cette chanson, à l’origine chantée par un prêtre, évoque une « peste dansante » dite « danse de Saint Guy » mais elle ne donne aucune précision sur l’endroit et la date de cet évènement : « Au lieu de s’arrêter de danser, ils avaient tous continué, ils avaient chanté ça les pauvres danseurs, qui dansaient continuellement nuit et jour, nuit et jour, et, ils dansaient toujours jusqu’à qu’ils tombèrent tous inanimés. Punition ! »
La tradition populaire attribue ces pandémies au diable : il y aurait recours par châtiment. La dernière épidémie de danse (chorémanie) officielle eut lieu à Madagascar en 1863. Postulons-en une autre, plus récente, en lien avec nos deux précédents témoignages, celle du 11 novembre 1918, à Ercé, dans les montagnes ariégeoises : « A Ercé, un bal est organisé, non pour remplacer le bruit des canons silencieux depuis quelques jours, mais pour célébrer la Saint Martin, jour où « los ors que se’n tutan » (hivernation). C’est le bal calendaire de l’ours. Cette fête depuis quelques années a un goût de révolte, d’insurrection car elle fait également écho à une altercation pas si ancienne entre des agents de l’état et les villageois durant laquelle les ours ont joué un grand rôle. Dans ce village, les hommes et les ours se protègent mutuellement. Au son des « cordes et des peaux » tout le monde danse, les hommes et les femmes bien entendu mais aussi les ours qui ont ici leurs habitudes. Une grande fraternité règne entre les sauvages. Mais progressivement la musique change et les corps avec… les mélodies mutent en rythmes frénétiques et la danse en transe. Les danseurs rentrent dans une longue et épuisante hystérie collective qui les mène à la mort. Seuls les ours et les musiciens survivent, le diable les a épargnés. »
Pour cette nouvelle création prévue pour 2024, OURS laisse de côté l’énergie puissante et électrique de son précédent répertoire.
Pour mettre en musique ce « Bal deu Sent Martin », le trio change et se rapproche de l’essence acoustique de son instrumentarium, composé d’une vielle à roue, d’un ensemble de percussions augmentés et de gadulka, explorant ainsi le chant vibratoire de cet entremêlement de cordes, de bois, de peaux, minéraux et métaux.
Les musicien.nes ont l’occasion de jouer de nouveaux instruments, issus de la lutherie traditionnelle, contemporaine, ou encore expérimentale.
Projet porté par CERC et le Tricollectif, avec le soutien de l’Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Musiques de Nuit Diffusion / Rocher de Palmer, de la DRAC Région Centre Val de Loire, de la Région Centre Val de Loire et de Musique & Équilibre.