20 janvier > 24 janvier 2025
Rozenn Talec en résidence à CERC pour son projet de création autour de la lutherie.
Résidence de lutherie en vue de la création d’une planche sonorisée permettant de chanter et danser debout en bal.
| production CERC & Paker Prod |
Rozenn Talec • voix
Jean-Marie Nivaigne • sonorisation
Depuis petite j’entends le plancher percuté par les pas des danseurs en transe. J’ai appris à chanter dans la ronde, dans la danse. Chanter pour danser me défatigue, me défoule et me remplit d’énergie collective. Telle est l’une des fonctions de nos chants populaires et de nos bals : Interagir et créer la communion entre les chanteur.euses / musicien.es et les danseur.euses. J’aime animer les Festoù-noz, dire, sourire, sauter, saluer, haranguer les foules : donner vie, donner une âme à ces lieux. En Bretagne, on dit Fest Noz/ deiz pour désigner un bal, terme employé dans les autres régions de France.
Mon envie est d’aller rencontrer mes voisines de régions de danses et de chansons pour une non uniformité géographique et une pluralité esthétique. Pendant les confinements, les rassemblements, la danse, les chants, la musique m’ont manqué. Au-delà je crois que c’est tout cet univers, ce bain sonore qui m’a manqué. Plusieurs mois de doutes. Ma raison de chanter ne serait-elle plus si essentielle pour la communauté ? Chanter, danser, se retrouver et partager ne serait-il plus une priorité commune? J’ai donc fabriqué une grande planche. Quelques chutes de bois pour faire des cales, quelques vis et une plaque de bois. J’ai ferré des chaussures, enfilé des sabots qui m’attendaient dehors. J’ai frappé, dansé, claqué, fait sonner et même fait résonner cette planche devant le foyer de ma cheminée.
Aujourd’hui, je veux retrouver ce son de plancher qui m’est cher, ce son gravé dans mes oreilles, celui qui me fait vibrer. Ce son qui me rappelle les bals de mon enfance et surtout ces fréquences, ces vibrations qui me font me sentir plus vivante que jamais. Le fest noz, un rendez- vous essentiel. Je continue de chanter debout : c’est ce que je fais depuis toujours et cette posture me sied. Raconter un histoire avec mes bras, lancer des cris pour relancer la danse, interpeler les danseurs.
Seulement aujourd’hui je souhaite travailler mes pas de danse comme un instrument. Un instrument qui accompagne mon chant, un instrument/une planche de bois qui complémente ou agrémente les pas des danseurs. Une planche qui répond aux appuis de la danse et qui les appuie ou qui leur répondent. Jouer, entretenir l’échange, créer l’interaction et garder cette tension sonore. Ce lien entre la scène et le plancher, entre nous les émetteurs de musique et les récepteurs-danseurs. Un échange qui ne peut se faire que si l’intention des uns et des autres est la même : être au service de la danse, de l’expression corporelle en réponse à des rythmiques et des mélodies. Se nourrir ensemble d’énergie, de joie, de transe.
Pour la première fois, je chanterai un répertoire de chants français. Un répertoire qui se verra commun aux régions voisines qui jouissent d’un même inventaire d’histoires. Des chansons dont le message interpelle, des chansons dont la poésie touche, des chansons qui nous rapprochent tout simplement. Des histoires communes mais toujours différentes quelque part. De part leur mélodie, de part leur introduction, de part leur refrain, de part leur dénouement ou tout simplement de part différents mots changés ou transformés dans la transmission orale. Je ne veux ni faire de la podorythmie québecoise, ni des claquettes irlandaises ou américaines. Je veux être là avec celles et ceux qui sont là. Je veux être debout, verticale, fière et radieuse, ouverte et vivante, à l’écoute, en interaction, en communion et en réponse à la fonction de la musique de bal. Je veux chanter sur une planche de bois. Je m’autorise à chanter en français. Chanter nos langues. Nos chants, nos histoires passées et communes.
Rozenn Talec
Jeudi 23 janvier prochain, Aqueras Montanhas, le café-librairie de La Ciutat, va vibrer au son des chants bretons et pyrénéens !
A l’occasion de sa venue en résidence à CERC, Rozenn Talec, artiste issue de la tradition des chanteuses et chanteurs de kan-ha-diskan, le chant alterné à danser en langue bretonne, vous propose un apéro chanté ouvert à tou.te.s à 19h, à l’estanquet de La Ciutat.
Que vous soyez chanteur.se.s aguérri.e.s ou que vous chantiez seulement sous la douche, en français, en occitan ou en breton, venez donner de la voix autour d’un verre !
<> Jeudi 23 janvier 2025 • 19h00
Aqueras Montanhas • La Ciutat
Place Récaborde • 64000 Pau
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Projet porté par CERC et Paker Prod